Pour des millions de Français depuis les années 50, c’est la route du soleil, celle qui mène vers la Côte d’Azur et permet dès le mois de juillet d’oublier tous les problèmes : la Nationale 7. C’est cette route que l’aventurier français de Détours, aka Jean-Baptiste Martinon, a décidé d’emprunter à la vitesse de 35 km/h en moyenne sur un scooter électrique SEAT MÓ 125. Au programme : pas mal de surprises et de kilomètres engloutis, des rencontres et une vraie leçon de vie. Fraichement revenu à Paris, il nous raconte à quoi ressemble un voyage quand on se rêve en Antoine de Maximy de la mobilité douce.
Jean-Baptiste, comment est venue l’idée de ce périple ?
C’est une route qui m’attire depuis des années, mon grand-père m’en parlait comme une route mythique. J’ai lu un livre de Clément Pétreault sur la N7, et j’aime bien les voyages au long court, les grandes traversées. Il y a une forme de mélancolie heureuse dans ce voyage, refaire la route que faisaient mes grands-parents pour découvrir la Méditerranée. En fait, la Nationale 7 c’est un peu notre route 66 à nous; j’avais simplement envie de traverser tous ces départements, de m’arrêter dans plein d’endroits et de prendre le temps.
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Qu’est-ce que véhicule, personnellement, ce trajet et la route qui est associée ?
Pour moi cette route, c’est celle d’une autre époque, moins dans l’instantané et plus dans la découverte. L’époque où l’on descendait à la mer en 2 ou 3 jours. On s’arrêtait déjeuner chez des chefs étoilés ou dans les innombrables restaurants routiers qui longent la route. On faisait un détour pour dire bonjour aux cousins qui habitent la Nièvre ou à Lyon. Cette route c’est une aventure, le trajet fait partie du voyage.
“Le fait de voyager en électrique, c’est aussi pousser les interactions avec les gens pour leur expliquer ma démarche et leur demander si je peux charger ma batterie”.
C’était important de réaliser ce voyage en mobilité dite douce, c’est à dire électrique ?
Oui, c’est non seulement un moyen très agréable de voyager que j’ai découvert en 2020 en reliant Paris à Biarritz en scooter électrique. L’électrique, c’est silencieux, ça ne vibre pas. C’est un voyage contemplatif. Comme c’est lent, je découvre beaucoup de choses, je m’arrête plus facilement dès que j’aperçois une brocante, une statue, un café… Ce que j’aime aussi avec l’électrique, c’est que ça ne me coûte rien, je me recharge chez l’habitant et en plus ça me permet de faire de belles rencontres tout au long de la journée. Je crois aussi que c’est une part de mon activité de montrer aux gens que voyager en prenant le temps est un bon moyen de préserver notre planète. Ça marche aussi pour les longs voyages en train, versus les voyages en avion.
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A 35 km/h de moyenne sur 9 jours, on se doute bien que c’était un peu tout sauf des vacances. Quelles galères as-tu rencontré sur la route ?
Il faisait une chaleur de plomb, alors quand je roulais ça allait encore… mais dès que je m’arrêtais, je devais me mettre à l’ombre ! Je suis tombé en panne de batterie à Puget-sur-Argens, j’ai voulu pousser un peu trop loin ! Heureusement, j’ai trouvé un monsieur gentil qui m’a permis de recharger ma batterie dans son atelier de réparation de moteur de bateaux. Deux heures à attendre, c’était l’occasion d’aller prendre une fraise à l’eau et de lire le journal local dans un café sur une place de village endormie par le soleil. Le fait d’être en électrique, c’est aussi pousser les interactions avec les gens pour leur expliquer ma démarche et leur demander si je peux charger ma batterie. Un monsieur m’a demandé 1,50 € pour charger ma batterie, d’autres ont eu peur que je tire trop sur leur électricité. Je les ai rassurés. Une charge coûte environ 30 centimes et ne tire pas plus qu’un autre appareil électrique.
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Et à l’inverse, quelles ont été les bonnes rencontres que tu as fait en chemin ?
Tous les soirs j’ai dormi chez l’habitant. J’ai rencontré des gens formidables, de tous les âges : 2 couples de retraités, une jeune famille avec 2 enfants, une femme seule, une famille avec 3 générations et les petits enfants en vacances, des gens en centre de vacances, des comédiens au festival d’Avignon, des amis à Lyon… Ce voyage, c’était un moyen de vivre 100 vies en 10 jours, en partageant plusieurs quotidiens tous très différents mais très authentiques, parce que je débarquais toujours à l’improviste.
Pour conclure, est-ce aussi un message envoyé à celles et ceux qui hésitent encore à bouger différemment, pendant les vacances ?
Oui l’idée de mes aventures, c’est de montrer que le trajet en lui-même peut être l’objet d’un voyage. Faire Paris Nice en voiture c’est 10 à 12 heures. C’est long et ennuyeux. J’ai mis 9 jours, j’ai des souvenirs pour la vie, j’ai rencontré des gens que je recroiserai sûrement et surtout, je connais un peu mieux la France. Au final, ce voyage m’aura permis d’inventer une expression : « le temps que l’on pense perdre est en fait celui que l’on gagne, car c’est celui qui reste en mémoire ».
Pour suivre Jean-Baptiste Martinon, ça se passe sur son compte Instagram, sur Europe 1 pour sa chronique mobilité La minute qui bouge, sur C8 pour l’émission J’apporte le dessert et le 5 aout prochain pour la 22ème Coupe d’Europe de Montgolfières.
Mobilité douce
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